- 17 octobre 2022
- | Source: Metallerie
La croissance du secteur technologique risque de s’arrêter

Alors que la croissance du secteur technologique s’est déjà ralentie au premier semestre 2022 en raison des pénuries, la fédération des entreprises technologiques Agoria tire la sonnette d’alarme. “Les perspectives du secteur pour le second semestre 2022 et 2023 ne sont pas rassurantes”, déclare le CEO Bart Steukers. “Il y a un réel risque que certains points de basculement soient dépassés et que la croissance du secteur se retrouve à l’arrêt, ce qui se traduira de facto par une baisse du nombre d’emplois créés en 2023”.
Premier semestre 2022: la pénurie pèse sur la croissance
Lors d'une conférence de presse à Bruxelles, Bart Steukers a appuyé ses propos sur des chiffres. La hausse des prix de l'énergie et des coûts salariaux, par exemple, coûtera au secteur 10 milliards d'euros et 2 000 emplois d'ici 2023. La croissance du secteur sera pratiquement au point mort l'année prochaine, après que les pénuries ont déjà pesé lourdement sur la croissance au cours du premier semestre de cette année. La croissance s'est ralentie, les flux logistiques ont freiné la production, une pénurie de demande, de pièces et de personnel a freiné l'activité, la création d'emplois s'est affaiblie, la croissance des offres d'emploi a plafonné à des niveaux élevés et, enfin, l'utilisation des capacités de production existantes a fortement chuté au deuxième trimestre 2022.
jusqu'à 5% du handicap salarial en plus sur deux ans
Au cours de cet automne et de cet hiver, ainsi que l'année prochaine, Bart Steukers estime qu'il y a un risque que certains points de basculement soient dépassés et que la croissance du secteur se retrouve à l’arrêt. Une baisse de l'activité, des parts de marché, des emplois et de la confiance des entreprises est attendue. Dans le même temps, Agoria s’attend à ce que les coûts de la main-d'œuvre augmentent fortement.
Les coûts énergétiques et salariaux entraîneront des marges historiquement faibles, en raison de l'explosion des prix du gaz, de l'inflation et des indexations. En ce qui concerne les commissions paritaires au sein de l'industrie technologique, l’augmentation des salaires bruts est attendue entre 17 et 19% cette année et l'année prochaine. Cela pourrait entraîner un handicap supplémentaire en matière de coûts salariaux par rapport aux pays voisins, l'Allemagne, la France et les Pays-Bas, de 4 à 5 % sur deux ans (2022 - 2023), selon les chiffres d'Agoria. Une hausse qui vient s'ajouter au handicap historique déjà existant du coût de la main-d'œuvre.
En effet, en plus des énormes coûts énergétiques, les coûts salariaux augmentent maintenant aussi rapidement. Ensemble, ces éléments conduisent à des marges historiquement faibles. Agoria a calculé que l'augmentation combinée des coûts de l'énergie et des salaires pour le secteur technologique s'élèvera à 10 milliards d'euros. C'est plus de deux fois le coût de la connexion d'Oosterweel, le plus grand projet de construction jamais réalisé dans notre pays.
L'activité augmente d'à peine 0,5 % en 2023
Les perspectives du secteur technologique ne sont donc pas rassurantes. L'activité économique, après avoir accéléré de 6 % en 2021, risque d'être quasiment au point mort en 2023 (plus 0,5 % pour le secteur technologique). L'emploi diminuera d'environ 2 000 travailleurs en 2023, en termes nets. En 2022, l'emploi augmenterait encore de 3 100 travailleurs en termes nets.
Cette année, la croissance est encore de 2 %. Au cours du premier semestre de cette année, la pénurie a pesé sur la croissance (une forte augmentation des pénuries de matériaux et une plus grande pénurie de personnel). Ainsi, la chaîne logistique a freiné la production, ce qui a limité la croissance à seulement 2,75 % par rapport au premier semestre 2021.
La hausse du handicap salarial et la baisse de la part de marché entraîneront la suppression de 2 000 emplois d'ici 2023.
L'arrêt de la croissance du secteur technologique se traduit donc directement dans le nombre d'emplois créés. Le secteur des technologies, qui emploie 324 000 personnes directement et autant indirectement, devrait créer et occuper 3 200 des 7 000 nouveaux emplois prévus cette année. En 2021, 8 500 emplois supplémentaires ont été pourvus, soit le double de l'objectif d'Agoria.
L'année prochaine, Agoria prévoit une perte de 2 000 emplois. En effet, la croissance du handicap salairal menace fortement l'emploi. La pénurie de main-d'œuvre continue également de freiner les entreprises technologiques : avec 21 370 postes vacants, elles n'ont jamais cherché autant de travailleurs. Selon Bart Steukers, les gouvernements régionaux doivent consacrer beaucoup plus d'efforts aux mesures d'activation et à la formation.
Les conditions pour ancrer une industrie sous pression
"Je vois trois conditions essentielles pour permettre l’ancrage de l'industrie dans notre pays. Un environnement et des infrastructures compétitifs, la disponibilité d'employés talentueux et la proximité de pôles de recherche et de développement. Ces trois éléments sont sous pression, en raison, notamment, d'une compétitivité moindre vis-à-vis de nos partenaires commerciaux (impact de l'inflation et de l’indexation automatique des salaires), de la rareté des talents, d'un taux d'emploi nécessaire de 80 % qui a peu de chances d'être atteint, et des inquiétudes quant à la baisse continue de la qualité de notre système éducatif", explique Bart Steukers.
Ajustement du système d'indexation automatique
Pour retrouver le chemin de la croissance et de l'emploi, Bart Steukers continue de pointer du doigt notre handicap en matière de compétitivité et le coût du travail. “Seule une adaptation structurelle du système d'indexation automatique permettra de maintenir les coûts salariaux à un niveau gérable”, estime conclut-il.
Pour éviter de dépasser les 'points de basculement', Agoria s'attend à un maintien de la loi sur la compétitivité, une baisse du prix de l'énergie grâce, entre autres, à des accords à long terme avec les pays exportateurs de gaz tels que la Norvège, les États-Unis et le Qatar, au maintien du régime fiscal de la recherche et du développement et à l’absence de toute nouvelle augmentation des charges imposées aux entreprises.
Source: Agoria